Du gaz de schiste écolo ?

Reuters

Le récent débarquement de Delphine Batho, soi-disant par manque de solidarité gouvernementale et censé envoyer un message fort aux membres du gouvernement, n’a servi à rien à en croire les récentes déclarations d’un récidiviste, Arnaud Montebourg.

Si j’avais un nom à donner comme voix discordante au sein du gouvernement, cela serait celui du ministre du redressement productif. Une fois de plus, et alors que le Président se lance dans une opération séduction des écologistes, il prend le contre-pied du message officiel en se déclarant pour le gaz de schiste, mais écologiste ! Il fallait l’oser et il l’a fait. On oserait presque se mettre à rêver de pétrole propre ou d’uranium non dangereux avec lui comme Président. Il vient d’ailleurs d’annoncer ses ambitions intactes dans ce but à une journaliste du New York Times : « J’ai échoué la première fois, ce qui ne veut pas dire que j’échouerai la seconde », en faisant allusion à son échec aux primaires socialistes.

Ses propos ne sont d’ailleurs pas dénués de tout fondement. On peut légitimement se poser la question de l’exploitation de nos ressources en gaz au moment où l’économie est exsangue et où la France amorce un virage énergétique. Le débat est d’ailleurs vif parmi les économistes, mais aussi à l’intérieur des partis politiques. Certains y voient l’opportunité de réduire notre dépendance énergétique vis-à-vis du pétrole alors que d’autres redoutent une énième exploitation sauvage de nos ressources.

Ce qui est ridicule, en revanche, est de lier les mots gaz de schiste et écologie. Soyons clairs sur ce point. Si on peut raisonnablement envisager une technique d’extraction moins polluante dans les années à venir, elle limitera au mieux les dommages mais ne les annihilera jamais. Il est d’ailleurs le premier à reconnaître qu’il faut « régler le problème de la pollution des sous-sols, qui est un pur scandale aux Etats-Unis ». D’où son envolée lyrique : « Je pense qu’on arrivera avec la technologie dans très peu de temps au gaz de schiste écologique. Où il n’y a pas de pollution ». Son idée est alors de confier cela à un organisme public, et non pas à l’industrie pétrolière : « Pour capter la rente, et là c’est une position tout à fait personnelle qui n’engage pas le gouvernement, c’est une idée (…), c’est que nous puissions avoir une compagnie publique et nationale exploitant les gaz de schiste, et captant la rente, la partageant avec les territoires, permettant d’affecter les industries au plus près, leur diminuant le prix de l’énergie et assurant le financement de la mutation énergétique du reste du pays, et notamment nous libérant des hydrocarbures ».

Le sujet a visiblement irrité le tout nouveau ministre de l’Ecologie et de l’Energie, Philippe Martin : « La question d’une exploitation ‘écologique’ des gaz de schiste ne se pose pas (…) Le bilan carbone des forages de gaz de schiste est très négatif, surtout si l’on prend en compte non seulement le CO2 issu du gaz extrait mais aussi de la quantité de méthane qui fuit vers l’atmosphère lors de l’extraction ». Et pour enfoncer le clou et essayer de clarifier la position officielle du gouvernement (loin d’être compréhensible justement), il a tenu à préciser : « Ma feuille de route, celle que m’a fixée le président de la République, est de conduire la transition écologique et énergétique afin, notamment, de réduire la dépendance de la France aux énergies fossiles ». De quoi enterrer définitivement le sujet ? Pas sûr dans un gouvernement qui a fait de la cacophonie sa marque de fabrique !

 

 

3 thoughts on “Du gaz de schiste écolo ?

  1. Lance A. says:

    Je peux trouver du temps après le 21 Juillet pour faire un peu de bénévolat :cool:

    Faut dire que j’ai un peu de temps à tuer en ce moment :evil:

    Et encore quelques réserves dans les jambes :mrgreen:

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