Les conversations sont à peu près identiques en France depuis… on ne sait même plus trop quand ! Même le sud, généralement épargné, connaît lui aussi les vicissitudes de la météo. Et ne comptez pas trop sur l’été pour rattraper le manque criant d’ensoleillement : on nous annonce le pire… ou presque !

Le 24 mai 2013, Météo France enregistre 3,7°C à Paris au petit matin, soit le record historique depuis… 125 ans !  Olivier Proust, prévisionniste à Météo France, résume la situation : « Le thermomètre est tombé à 3,7°C en fin de nuit, on n’avait jamais enregistré une température minimale aussi basse qu’aujourd’hui depuis 1887 ». En soi, ce relevé d’une journée ne veut rien dire, mais il a tout de même le mérite de planter le décor. Météo France précise que les normales saisonnières sont normalement supérieures de 6 à 10°C et que ce printemps est le plus froid depuis 1987.

Les gens rallument ou n’ont pas encore coupé le chauffage cette année. Les températures basses, le manque d’ensoleillement et l’humidité omni présente contribuent à ce sentiment de fraîcheur dans les maisons. Un petit tour du côté des livreurs de fuel domestique confirme ce que tout le monde pressent : ils n’ont jamais vu pareille situation depuis 30 ans ! Et pourtant, ils n’ont même pas le sourire. En cause : un retard considérable dans les livraisons suite à un afflux de demandes pour un mois de mai. Quand on vous dit que le temps est pourri !

Si ce temps fait donc les affaires de certains professionnels, d’autres font grise mine. Les producteurs de fruits et légumes enregistrent des retards allant jusqu’à trois semaines. La pluie, le froid et le manque de soleil ont perturbé la pollinisation des abeilles, décimant les arbres. Les saisonniers, d’ordinaire actifs à cette période de l’année, sont priés de prendre leur mal en patience en attendant le retour du soleil. Quant aux secteurs de l’hôtellerie, de la restauration et de l’habillement, le moral est également dans les chaussettes avec un chiffre d‘affaires en net recul par rapport à l’année dernière.

La Drôme, par exemple, a ainsi enregistré le double de précipitations d’un printemps moyen. Et quand on se déplace tout au nord, c’est encore pire. Dans le Nord-Pas-de-Calais, c’est un autre record qui vient d’être battu, vieux de 60 ans, celui de non-ensoleillement. Et il d’autant plus important qu’il porte sur plusieurs mois, sur la période couvrant les mois d’octobre 2012 à mai 2013. C’est dire si le mouvement est durable !

Alors, dans un élan réaliste ou superstitieux – peut-être pour conjurer le sort –, les rédactions commencent à nous préparer à l’apocalypse pour cet été. Si la fin du monde n’a finalement pas eu lieu en décembre dernier, elle serait imminente. La Chaîne Météo y va de son constat pessimiste, dont elle évalue les chances de réalisation à 70% : « L’élaboration de ses prévisions saisonnières est basée notamment sur l’analyse des principaux modèles numériques (européen et américain en particulier), dont les résultats ne sont pas optimistes. Certains calculs envisagent la persistance d’une anomalie froide pendant les 3 mois de l’été (Juin, Juillet, Août) conjuguée à des précipitations excédentaires ». Pour ces analystes, il faudra se pencher sur septembre et octobre, seuls mois où une embellie durable devrait se manifester. D’autres, en revanche, se montrent moins alarmistes, comme le Monsieur météo de TF1, Louis Bodin : « Ces annonces n’ont pas de sens car les prévisions saisonnières sont très peu fiables. En réalité, tous les scénarios sont possibles ». Même son de cloche du côté de Météo France qui préfère jouer la prudence par la voix de Jérôme Lecou : « Non, il n’y a pas de corrélation. Tout comme le fait d’avoir un océan Atlantique froid ne joue pas sur la température. C’est au contraire le climat dans l’atmosphère qui a une influence sur celui de l’Océan ». Bref, tout n’est pas encore perdu.

Et si les Français prêtent autant d’attention à la météo, c’est parce qu’ils sont de plus en nombreux à regarder par la fenêtre, bloqués à la maison, avec des chiffres du chômage toujours plus mauvais. Alors, un rayon de soleil, par les temps qui courent, ne ferait de mal à personne. Surtout pas à François Hollande qui peine à garder le cap. Pourtant, s’il faut trouver un bouc émissaire, il est tout trouvé en sa personne. Souvenez-vous, c’était il y a tout juste un an. Le Président fraîchement élu prenait ses fonctions et remontait les Champs-Elysées sous des trombes d’eau. Le lendemain, en déplacement en Allemagne pour aller voir Angela Merkel, son avion essuyait la foudre. Il y a des signes comme cela qui ne trompent pas ! Allez courage, plus que quatre ans avant l’embellie…