Claude Guéant au cœur de l’ouragan

Après Cahuzac et son « les yeux dans les yeux », c’est désormais au tour de Guéant de jouer le mythomane. En plein cœur d’un scandale, il nie tout et se retranche derrière d’obscurs arguments démentis de part et d’autre.

C’est ce qu’on appelle l’effet papillon. En enquêtant sur les comptes de campagne de Nicolas Sarkozy de 2007, les juges ont perquisitionné le domicile de l’ancien ministre de l’Intérieur en février dernier. Ils sont alors tombés sur un virement de 500 000 euros et des factures payées en liquide d’un montant total de l’ordre de 20 à 25 000 euros.

Pour sa défense, l’ancien secrétaire général de l’Elysée argue avoir vendu deux tableaux d’un artiste flamand, Andries Van Eertvelt : « J’avais fait l’acquisition il y a une vingtaine d’années de deux tableaux hollandais qui représentaient des bateaux dans la tempête et je les ai vendus en 2008 ». Seulement, différents experts sur le marché de l’art remettent en doute ses propos en disant que les tableaux ne valent pas 500 000 euros avec un argument simple : « Qui connaît Andries Van Eertvelt ? ». Chose troublante encore, la vente ne s’est pas faite lors d’une vente aux enchères ce qui induit qu’elle n’a pu se conclure qu’avec un marchand d’art ou un particulier. Or il est peu probable qu’ils aient payé ces œuvres au-delà de la côte du peintre sur le marché.

Quant aux factures réglées en liquide, elles émanent selon des primes de cabinet payées en liquide. Seulement, Roselyne Bachelot a rappelé que ces primes opaques ont été supprimées en 2002 par Lionel Jospin et remplacées par des primes versées en toute légalité et avec une traçabilité. Selon elle, « soit c’est un menteur, soit c’est un voleur ». Elle enfonce le clou en affirmant : « C’est absolument impossible d’avoir touché des primes de cabinet à partir de 2002 ». Pour étayer ses propos, Daniel Vaillant, ancien ministre de l’Intérieur sous Jospin, a aussi affirmé que les primes en liquide ont bel et bien été supprimées tout comme un ancien membre de cabinet de Dominique de Villepin : « Il n’y avait aucun système organisé, officiel ou officieux, de versement de telles primes en liquide aux collaborateurs du cabinet ». Ces témoignages tombent d’autant plus mal qu’ils parviennent en partie d’anciens camarades !

Pire encore, Claude Guéant balaie d’un revers de la main ces montants, en déclarant au Monde que ce ne sont pas de « grosses sommes », et seulement utilisées « pour acheter des appareils ménagers, des choses de ce type ». Sachant que les sommes s’élèvent tout de même à un montant compris entre 20 et 25 000 euros, on ne peut que s’étonner de la légèreté avec laquelle l’ancien ministre traite le sujet. Cela abonde dans le sens du décalage entre les politiques et les citoyens. A-t-il seulement conscience que cette somme correspond à un an de salaires pour la grande majorité des Français? Et pour 25 000 ou même 20 000 euros, on peut s’en acheter de l’électroménager… Sans compter qu’une fois de plus, c’est le contribuable qui paie. Bref, Claude Guéant ne devrait pas tarder à nous jurer, la main sur le cœur et les yeux dans les yeux qu’il est absolument innocent. Allez, au suivant !

 

 

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