Hollande au sommet de l’impopularité

Moins d’un an après, le constat est implacable : François Hollande arrive en tête des présidents ayant le plus déçu. Comme d’habitude, les deux candidats à la présidentielle n’ont pas été avares en promesses diverses. Sauf que l’un comme l’autre ont joué à la politique de l’autruche, refusant de voir les caisses exsangues. L’un a gagné avec un slogan fort : « Le changement, c’est maintenant ». Sauf qu’un an après, les Français n’ont vu que l’accentuation de la crise, un chômage record et des impôts au plus haut. Alors une question brûle les lèvres des citoyens : voyons-nous le bout du tunnel ou devons-nous nous attendre au pire ?

Le président en exercice a dû oublier que plus le moral est bas, plus les attentes sont fortes. Les gens s’attendaient à une révolution or le président, lors d’une allocution télévisée, la remettait à 2014. Sauf que, mutation de société oblige – et non crise ! –, les choses ne reviendront jamais comme avant. La croissance prévue pour 2014 ne sera pas au rendez-vous et les Français seront à nouveau mis à contribution (on parle de 6 à 10 milliards d’euros pour le moment), là encore contre la promesse présidentielle de laisser le taux d’imposition stable en 2014. Ce ne sera qu’une promesse de plus non tenue.

Même si on est encore loin des situations espagnole, grecque, italienne, portugaise ou irlandaise, le cas français est préoccupant. Les chiffres du chômage ne sont pas bons et s’approchent à grande vitesse du record historique absolu. Quant aux jeunes, le Conseil d’analyse économique (CAE) se montre très pessimiste. Selon lui, ce sont près de 2 millions de jeunes de 15 à 29 ans qui ne sont ni scolarisés ni au travail soit 17% de cette tranche d’âge. Pour lui, « ils sont à la dérive ». Et 900 000 d’entre eux ont quitté le système scolaire sans aucune qualification. Évidemment, ces mauvais chiffres ne sont pas imputables à la seule politique gouvernementale puisque le CAE précise que « cette situation désastreuse prévaut depuis près de 30 ans sans qu’aucune politique, aucun plan pour l’emploi, ne soit parvenu à l’améliorer ». Toujours est-il que ces chiffres tombent au plus mauvais moment surtout que le CAE place la France dans le rang des mauvais élèves par rapport aux voisins européens.

Dans le même temps, le président a rendu ses arbitrages en fonction du Livre blanc des armées qui fixe les grandes lignes de la grande muette pour les années à venir. Et sans surprise, les coupes budgétaires, avec une réduction du nombre de militaires, sont de la partie, dans la ligne édictée par un certain…Nicolas Sarkozy ! Ce sont donc 24 000 postes qui vont être supprimés d’ici 2019.

Cette politique de rigueur, qui ressemble fortement à celle de son prédécesseur, agace de plus en plus les amis de François Hollande et les voix divergentes se font de plus en plus fortes, avec un coupable tout désigné : l’Allemagne. On ne tente pas de nous vanter ce coup-ci le bel exemple allemand, mais plutôt son côté obscur avec l’absence de SMIC et un nombre toujours croissant de travailleurs pauvres (de 4 à 6% selon les critères européens, mais de 20% en prenant un salaire inférieur à 10€ brut/heure). Les voix raillant Angela Merkel au sein du PS sont si fortes qu’elles ont obligé Jean-Marc Ayrault à un tweet…en allemand pour tenter de rassurer nos partenaires de l’autre côté du Rhin.

C’est que contrairement au discours officiel, certains se mettent sérieusement à douter du cap gouvernemental avec l’austérité comme règle d’or. Ils préféreraient une politique keynésienne en mettant de l’argent sur la table en espérant voir la croissance de retour et donc des recettes en hausse pour équilibrer les comptes. Ils craignent que ce tour de vis demandé aux Français ne se retourne au final contre eux. Surtout, la plupart de ces cumulards commencent à s’inquiéter pour leurs mairies, remises en jeu dans moins d’un an désormais. Or, ils savent d’ores et déjà que les bonnes nouvelles resteront mesurées en 2014, si bonnes nouvelles il devait y avoir.

Pour se rassurer, François Hollande pourra toujours se consoler en lisant le sondage du jour dans le Nouvel Observateur, en partenariat avec LH2. Selon ce dernier, 40% des sondés pensent que Nicolas Sarkozy aurait pu faire mieux contre 48% qui pensent le contraire. Cependant, le président ne jouit guère d’une popularité à toute épreuve. Ainsi, seulement 26% des personnes interrogées (5% en sont sûrs tandis que 21% pensent que c’est possible) croient qu’il saura redresser la France dans les 4 ans à venir. L’immense majorité est persuadée du contraire soit 65% (41% se déclarent même sûrs que non). Que ce soit à l’intérieur du pays ou même de son parti, la défiance est désormais de mise. Le capitaine de pédalo n’a pas fini de mouliner dans le vide…

2 thoughts on “Hollande au sommet de l’impopularité

  1. Cvalda says:

    Ce ne sont plus les chefs d’Etat qui gouvernent mais les finances…fort à parier qu’il ne peut pas grand chose.

    Détail concernant les travailleurs pauvres allemands: seuil de pauvreté européen pour une famille de 4 : 1900 euros mensuels, seuil de pauvreté français pour la même famille: 1600 euros. Bouh, cette Allemagne qui compte tant de pauvres: OUI BAH EUX AU MOINS, ILS LES COMPTENT!!!

    Dans le genre camouflage de chiffres, on est trop fort en France, hop on case des brêles au lycée, on demande BAC + 5 pour un pauvre diplôme de travailleur intermédiaire (j’ai nommé les professeurs des écoles), on vire les gens de pôle emploi sans raison et on ne compte qu’une partie des chômeurs…et voilà, non seulement on n’a pas beaucoup de pauvres mais en plus on a moins de chômeurs! Qu’est-ce qu’on est fort en France!

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