En matière de politique, notre passé monarchique n’est jamais très loin. Elle suscite la passion et des attentes irrationnelles. Aussi, la déception est toujours égale aux attentes : énorme ! Une fois n’est pas coutume, un simple discours présidentiel tourne à l’événement de l’année avec une médiatisation folle pour un bilan pourtant déjà connu : des socialistes enthousiastes, la droite pessimiste et des Français sceptiques.

On prend les mêmes et on recommence. C’est ainsi que notre belle démocratie fonctionne. On fait d’un président, qui se veut soi-disant normal, un roi, comme s’il avait le pouvoir de changer le monde d’un claquement de doigts. Cette impression est d’autant plus vraie que les communicants ont depuis belle lurette investi l’Elysée et ne compte pas déposer les armes de si tôt. Chaque déplacement est l’occasion de mobiliser ses troupes et de faire un triomphe à l’Elu du peuple. Les images sont belles, mais terriblement mensongères. D’une part, rares sont les gens qui viennent pour exprimer leur désaccord – on n’est toujours plus volontaire pour parler de ce ou de ceux que l’on aime. D’autre part, ceux qui osent tout de même sont bien souvent neutralisés par les forces de l’ordre en civil comme on a encore plus le voir il y a peu de temps.

A en croire les journaux, tous les Français ont les yeux rivés sur François Hollande. Metro évoque ainsi la cristallisation des attentes autour de l’intervention de François Hollande en citant les politiques, les éditorialistes et les Français. Pour ma part, je constate que la plupart des gens que je croise ont d’autres priorités. Ils n’attendent rien de leur président si ce n’est de belles paroles apprises par cœur à l’ENA. Toutefois, cette frénésie médiatique nous laisse toujours espérer quelque chose, un peu comme à Noël. Nous avons beau savoir que le père Noël n’existe pas, mais nous ressentons quand même de l’excitation et de l’espoir. Et c’est bien cela que nous propose ce cirque : croire encore et encore au père Noël.

Nicolas Sarkozy nous avait promis de chercher la croissance avec les dents s’il le fallait et que le pourcentage de chômeurs passerait sous la barre des 5% en 2012. François Hollande, qui avec toutes les données en main – il ne pouvait pas se servir de l’excuse de la crise –, nous a refait à peu près le même sketch avec son slogan des plus utopistes. Le seul changement véritable est visible à l’Elysée : d’un nain surexcité, nous sommes passés à un gros placide !

Pour preuve des attentes toujours plus fortes qui désespèrent de plus en plus les Français, tous les présidents qui se succèdent battent des records d’impopularité. François Mitterrand était beaucoup moins apprécié que VGE après 10 mois de pouvoir. Jacques Chirac avait subi le même sort par la suite. Puis Nicolas Sarkozy et enfin François Hollande. En attendant, la France a connu son premier recul officiel du pouvoir d’achat depuis 30 ans. Son endettement est au plus haut et les perspectives économiques des plus sombres. Tous les éléments sont donc en place pour faire fonctionner plus que jamais la machine à rêves et donc à mensonges. Il apparaît plus qu’urgent d’arrêter de placer nos hommes politiques sur un piédestal. Un régime à sec et quelques paires de baffes constitueraient un point de départ. Puis quelques autres dans les diverses rédactions pour qu’ils arrêtent de nous parler de la vie de notre souverain au jour le jour. Mais même là, je retombe dans les mêmes travers que je dénonce : je me mets à rêver…