Discours de Colin Powell à l’ONU : 10 ans ont passé

C’était le 5 février 2003. Poussé par le président George W.Bush, le secrétaire d’État Américain à la défense (l’équivalent de ministre de la Défense en France), Colin Powell, prenait le micro aux Nations Unies pour légitimer une action américaine en Irak. En 2005, il regrettait déjà ses propos, et revient sur ce fameux discours à l’occasion de la publication de son livre, J’ai eu de la chance.

Cette conférence a marqué les esprits, notamment par l’exposé de Powell, Failing to disarm (échec au désarmement). Il exposait via un document PowerPoint l’impérieuse nécessité du monde libre de s’opposer à Sadam Hussein qu’il accusait de fabriquer des armes de destruction massive. Le but de l’intervention était humanitaire selon lui avec la volonté de voler au secours de la population opprimée et menacée. L’ONU, suite à ce discours, avait alors donné son feu vert. Le 20 mars 2003, les hostilités pouvaient alors commencer.

En septembre 2004, l’Irak Survey Group mandaté par les Etats-Unis pour débusquer ces fameuses armes livrait un rapport très éclairant. Non seulement l’Irak ne possédait plus d’armes chimiques depuis 1991, mais aucun programme pour en développer d’autres n’était en cours. Seules 500 munitions sont finalement trouvées, toutes très vieilles.

Il faudra encore un an avant que Colin Powell ne reconnaisse sa part de responsabilités. Le 8 septembre 2005, sur la chaîne ABC, il parle de « tache » dans son dossier en évoquant son discours de 2003 : « Bien sûr. C’est une tache. J’étais celui qui l’a présenté au monde entier, et (cela) fera toujours partie de mon dossier. Cela été pénible. Et c’est toujours pénible ». Selon lui, George Tenet, directeur du service de renseignements à l’époque « pensait qu’il me donnait des informations justes » tout en reconnaissant que « le système de renseignement n’avait pas bien fonctionné ». Il déclarait alors être « un guerrier à contrecœur », mais ne reniait pas pour autant son engagement : « Quand le président a décidé qu’il n’était pas tolérable pour ce régime de rester en violation de toutes ces résolutions de l’ONU, j’étais d’accord avec lui pour l’usage de la force ».

A l’occasion de la sortie de son livre, il en livre désormais un peu plus. Le Nouvel Observateur, a publié le 28 février ses réactions. Ainsi, il dit être marqué à vie par ce 5 février, le comparant à sa date de naissance : « Il est très dur d’oublier un tel moment surtout quand on vous en parle chaque jour pendant dix ans ! Depuis que j’ai découvert qu’un grand nombre d’informations que l’on m’avait fournies étaient inexactes, je ne cesse de me demander : qu’aurais-je dû faire pour éviter cela ? ». Et quand le journaliste souligne le caractère mensonger de ces allégations, il répond avoir agi de bonne foi, sans intention de tromper : « Ce n’était pas un mensonge délibéré de ma part. Je croyais à ce que je disais. Tout le monde, le président, les membres du gouvernement et le Congrès y croyaient. Le président m’a choisi parce que j’étais le plus crédible vis-à-vis de la communauté internationale, mais, encore une fois, je ne faisais que transmettre ce que les seize agences de renseignement disaient. Et je pense que si vous aviez été à ma place et que vous aviez vu les documents que l’on m’a présentés vous auriez cru à tout cela, vous aussi. Evidemment je pensais que la CIA avait vérifié ses informations. Aussi, quand, quelques semaines plus tard, l’Agence nous a dit que l’ »information » sur les laboratoires biologiques ambulants venait d’Allemagne et qu’aucun agent américain n’avait interrogé la source principale de ce canular, j’ai été stupéfait ».

En somme, Colin Powell ne regrette rien, mais consent tout juste à reconnaître qu’il a modestement contribué à cet énorme mensonge d’Etat, en toute bonne foi de surcroît. Et quand le journalise insiste un peu de trop en revenant sur ses propos d’il y a quelques années, quand il disait « qu’une commission du Congrès devrait enquêter sur tout cela », il préfère lui opposer une fin de non-recevoir : « Passons à un autre sujet, voulez-vous ? ». En dix ans, rien n’a changé ou si peu. Ah si, Colin Powell est en promotion pour son livre et c’est bien là l’essentiel du message qu’il tenait à passer.

Pour aller plus loin: Colin Powell : comment la CIA m’a trompé et: Discours de Colin Powell devant l’ONU

 

 

 

2 thoughts on “Discours de Colin Powell à l’ONU : 10 ans ont passé

  1. Silvester Stalone says:

    {ce qui suit est à lire avec un accente plutôt particulier :twisted: ]

    « Beuheu.

    Ouaip, ‘fin en même temps, [beuheu], on pouvait pas envoyer Dableyoo au charbon comme ça, on avait besoin de garder encore un peu de crédibilité pour faire passer sa réélection l’année suivante [beuheuheueheu]

    Donc à la place, on a envoyé un simpathique petit comis [beuheuheuheuheu]

    Et comme prévu, Dableyoo a été rééulu et patratra, 2 mois plus tard, Powell présentait sa lettre de démission [beuheuheuheuheu]

    Du travail d’artiste [beuheuheuheuheu]

    Enfin, vivement 2016.

    Qu’on se remette en selle.

    Et pourquoi pas avec Dableyoo Junior [beuheuheuheuheuheuheuheuheu]

  2. admin says:

    Aussi étonnant que cela puisse paraître, cela sonne vrai! :shock:
    Sauf pour Bush Jr Jr. On a déjà eu Bush, Bush Jr, donc pas Bush Jr Jr!!! :evil:

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