Free AdGate : la polémique de la semaine

Impossible d’effectuer une revue de presse sans revenir sur ce qui restera sans doute l’événement médiatique de la semaine, mobilisant les rédactions comme jamais et suscitant de vives réactions sur la toile, notammant sur Twitter en tête créant le hashtag #FreeAdGate. Et pour cause, Free, en décidant de bloquer les publicités pour tous ces internautes, s’attaque au nerf de la guerre : l’argent. De nombreux sites vivent en partie de la publicité et l’annonce de Free est vécue comme un traumatisme pour eux. Retour sur ce feuilleton qui mobilise jusqu’au sommet de l’Etat.

C’est jeudi que tout commence. Un internaute découvre, après une remise à jour de sa freebox, qu’il surfe désormais sans publicité. Il communique l’information et des petits malins découvrent que c’est bien Free à l’origine de ce miracle via un bloqueur de publicité activé par défaut avec le nouveau soft de la freebox. Il suffit d’une reboot pour que l’option soit activée. Les rédactions crient alors au scandale comme Numerama.com qui titrent successivement : Blocage des pubs : Free pète un câble ! et, sans rire, : Free et la publicité bloquée : un problème démocratique. Et tous de partir sur de longues logorrhées décrivant Xavier Niel comme le diable. Exit Gérard Depardieu et son exil fiscal. Place à la dernière abomination du moment : Free. Et surtout n’y voyez aucun rapport entre le fait que les sites les plus virulents soient ceux qui ressemblent le plus à des sapins de Noël à un point où la navigation en devient difficile… Non, non, cela n’a rien à voir avec leurs revenus mais juste avec un idéal démocratique ! Et depuis jeudi, les articles affluent avec parfois des sondages comme sur 01net : Free a-t-il raison de filtrer automatiquement la publicité sur le net ? ou Zdnet : Etes-vous favorable au blocage des publicités activé, par défaut, sur le Freebox Révoltion ? Et les internautes se mobilisent à leur tour, commentant comme jamais les articles – près de 300 réactions à chaque article, bien plus que la normale.

Certains semblent souffrir du syndrome de Stockholm et revendiquent le droit… de regarder des publicités remettant au goût du jour la devise de la France : Liberté, égalité, fraternité, publicité ! Du grand délire. Du coup, la Ministre en charge de l’économie numérique, Fleur Pellerin se fend également d’un tweet pour réagir à la polémique : « Peu fan de pub intrusive, mais favorable à une solution du type no opt out par défaut. A discuter avec les éditeurs et Free ». Comprendre : je suis entièrement pour mais j’ai les pieds et mains liés par ceux qui gouvernent réellement ce pays – ceux qui ont l’argent – donc je vais convoquer Free pour leur demander gentiment de ne pas bloquer par défaut la publicité afin de satisfaire tout le monde ou plutôt de ne fâcher personne. Elle a même promis un point presse en urgence, dès lundi matin, pour faire le point.

De plus, Free n’a pas seulement désactivé les publicités mais l’outil Google Analytics servant à mesurer l’audience des sites – présent sur ce blog même. Aussitôt, les défenseurs de la liberté planchent sur le sujet et livrent leur réponse : le Freebox AdBlock Sucks. Ce filtre, destiné aux éditeurs, permet de détecter les Freenautes et de le rediriger ailleurs comme le précise son auteur : « Les éditeurs peuvent réagir, en effet, il est possible de détecter les freenautes ayant AdBlock activé. [...] En utilisant le code javascript ci-dessous, vous pourrez rediriger les utilisateurs de Freebox AdBlock vers l’URL de votre choix, bloquant ainsi l’accès au contenu de votre site. Après tout la bande passante ça se paie. Je vous suggère de rediriger les visiteurs ayant Freebox AdBlock activé vers une page où est affiché un message (ou une image..) expliquant poliment que le fait de bloquer vos publicités met en péril votre modèle économique et ne vous permet pas de continuer à fournir du contenu de qualité gratuitement. Demandez-leurs ensuite de désactiver Freebox AdBlock en leurs précisant bien comment faire ». Merci à eux de nous remettre dans le droit chemin !

Plus sérieusement, la mesure de Free a le mérite de mettre sur le devant de la scène un des problèmes majeurs du net d’aujourd’hui avec le trop plein de publicité. Personnellement, j’utilise depuis longtemps Adblock Plus qui fait le même travail que le bloqueur de publicités de Free. De plus, j’utilise aussi Ghostery en complément sur un de mes deux ordinateurs. Aussi, en tant que freenaute, je n’ai constaté aucun changement avec ce soi-disant tremblement de terre.

La question est de savoir pourquoi j’en suis arrivé là. Alors, j’ai désactivé un site au hasard, celui du Nouvel Observateur, sur lequel je me trouvais, pour constater trois choses simples. D’abord l’ampleur des publicités, ensuite le temps de chargement insupportable des pages à cause de ces publicités justement et enfin que tous les freenautes n’étaient pas bloqués. Sur ce dernier point, il faut peut être un hard reboot et non pas un reboot simple pour activer l’option ou alors l’option ne fonctionne pas sur ma Freebox V4 – contre la V6 pour la dernière version. Et on touche là un point crucial dont les éditeurs ne se soucient guère. Ma navigation en campagne est particulièrement lente et les publicités ralentissent de manière significative le temps de chargement des pages. Pour faire simple, en réactivant les publicités, j’ai l’impression de faire un bond en arrière au temps des modems classiques, bien avant l’apparition de l’ADSL. Un temps où précisément il n’y avait pas de publicité ou si peu. Alors c’est sans état d’âme que je navigue avec Adblock Plus et Ghostery. La CNIL avait d’ailleurs il y a très peu de temps conseillé Adblock Plus pour les internautes avec, là aussi, une réaction à sens unique des médias pour critiquer cette décision de bon sens pourtant. Et si un jour le net devra faire peau neuve en taillant dans les effectifs et en repassant vers un modèle payant, alors on s’adaptera, comme on l’a toujours fait. La stratégie de toute bonne entreprise doit tendre à démultiplier les sources de revenus pour diviser les risques et non pas à se rendre dépendant des seules régies publicitaires. Ils ont donc plus à perdre que nous ! J’en fais le pari.

Il ne faut pas non plus perdre de vue le but réel de Free. Loin de moi de vouloir faire passer cette société cotée en bourse pour des philanthropes. Il est de notoriété publique que Google et Free ne s’apprécient guère, avec le site Youtube au centre de ce conflit. La lecture de vidéos y est souvent très lente sur ce site. Or, Free et Google se renvoient la balle concernant ce problème sur la responsabilité de chacun. Comment ne pas voir une déclaration de guerre avec la décison de Free contre Google ? Certains sites évoquent la somme de 1 million d’euros perdus par jour pour Google avec ce blocage, obligeant son porte-parole à un communiqué où il indiquait que « Google avait constaté les mesures prises par Free » et que le géant américain était « en train d’analyser la situation ». Un très bon moyen de pression pour Free et son boss, Xavier Niel, trop intelligent pour ne pas mesurer toutes les conséquences de sa décision. D’où peut être la réaction exagérée de certains abonnés avec sans doute le sentiment d’être instrumentalisé par Free. Le site UniversFreebox annonce en tout cas la fin des hostilités pour lundi avec l’option de blocage toujours présente mais désactivée par défaut. Tout ça pour ça ? Non, sérieusement…

6 thoughts on “Free AdGate : la polémique de la semaine

  1. Tcho says:

    Je croyais qu’il avait quitté la scène politique :evil:

    Nan mais sérieux, vous le croyez :evil:

    Encore un coup de Sarkosy, décidément, il perd pas le Nord celui là :twisted:

    (moi non plus au passage :cool: )

    Quant à ça là (notez le dédain dans l’injonction :roll: ) :

    « Sur ce dernier point, il faut peut être un hard reboot et non pas un reboot simple pour activer l’option ou alors l’option ne fonctionne pas sur ma Freebox V4 – contre la V6 pour la dernière version »

    Je me demande quand même si le hard deluxe reboot est pas la solution le plus viable et la plus censée depuis que IBM a isolé la molécule contenant le fameux tritium 21 :evil:
    Je rajouterais simplement que si on couplait le module CIP en le routant via le dernier serveur de la cellule et qu’on reconnectait le fil bleu avec la pillule rouge, on obtiendrait sans conteste le meilleur modèle bicartésien jamais imaginé par Einstein lui même :cool:

    (tout ça pour dire, que t’as pas fini de’t'foutre sur ce site :twisted: )

    Ca me semblait évident de compléter :cool: Je comprends que par souci de clareté tu nous en ais fais fi :cool:

    En tout cas, ça aura fait découvert l’option au moins au courant d’entre nous :mrgreen:

    (je ne parles bien évidemment pas de moi, je suis branché sur du 220 :roll: )

    :twisted:

  2. admin says:

    Merci pour ces précisions Tcho! :mrgreen:
    De toute façon, cela ne concernait que la Freebox Révolution, c’est à dire la 6, c’est à dire bien loin que celle que Free réserve aux campagnards comme moi. Et de toute façon, ils ont effectivement fait machine arrière. Bref, comme je le disais, tout ça pour ça… :???:

  3. Julien says:

    « Sur ce dernier point, il faut peut être un hard reboot et non pas un reboot simple pour activer l’option ou alors l’option ne fonctionne pas sur ma Freebox V4 – contre la V6 pour la dernière version »

    Peut être fo faire un hard reset si le soft reset marche pas, ou un hard deluxe reboot comme dit Tcho, sinon t’as essayé de faire un reset pendant le reboot ? Moi quand je débanche 4 fois pendant un hard reboot ça reflashe le firmware.

    En tout cas, ils sont tous nuls, car Open Office bloque absolument tout depuis des années…

  4. admin says:

    Excellent Julien, j’avais oublié!!! :mrgreen: :mrgreen: :mrgreen:
    Et pourtant quelle franche rigolade déjà à l’époque!!!
    Tu l’avais préparée en deux temps ta blague, petit farceur. Chapeau bas l’artiste! :cool:

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