Quand le ministre du Budget manque clairement de « lucidité »

La Commission européenne vient tout juste d’égratigner la France en lui faisant remarquer que la croissance espérée de son PIB pour 2013 (0,8%) serait vraisemblablement deux fois moindre (0,4%). Idem pour le déficit qui devrait tourner autour de 3,5% au lieu des 3% fixés par le gouvernement. En dépit de ce rappel à l’ordre douloureux, qui vient suivre celui de nombreux économistes, Jérôme Cahuzac reste droit dans ses bottes : « On ne réclame pas de l’indulgence mais de la lucidité ».

Sur Europe 1, ce matin, il a confirmé les objectifs gouvernementaux aussi bien en termes d’hypothèse de croissance que de réduction des déficits publics. Il s’est même montré critique envers les instances européennes : « Bruxelles ne tient pas assez compte de ce que l’on a fait. Elle ne tient pas compte de la loi des finances que nous avons adoptée. De plus, la Commission n’avait pas vu venir les crises. Elle ne voit peut-être pas venir la reprise ». La politique de l’autruche ou la méthode Coué ?

Le gouvernement n’a de toute façon pas d’autre solution que de faire comme si tout allait bien et que la croissance allait revenir d’elle-même. François Hollande claironne partout (récemment en Asie encore) qu’elle sera de retour dès 2013 quand la chancelière allemande, Angela Markel, parle de 5 ans de « crise » encore pour l’Europe. Tous les gouvernements successifs font toujours d’optimistes prévisions à la fois pour justifier les mesures impopulaires par la suite mais aussi pour ne pas démoraliser les Français, seuls vecteurs de croissance depuis de nombreuses années. Pourtant, j’ai du mal à me souvenir –et pourtant, je ne suis pas si vieux et ma mémoire fonctionne plutôt bien !- quand pareille promesse a été tenue. Et encore, on parle de la dernière estimation qui a déjà été revue à la baisse plusieurs fois et non pas de la première totalement fantaisiste. Il y a peu, le gouvernement parlait de 1,5% avant de budgétiser 1,2% puis de se raviser avec un budget rectificatif de 0,8% tout en sachant pertinemment qu’on ne les atteindra jamais.

Rappelons aussi que le sieur Cahuzac jurait il n’y a pas si longtemps que la hausse d’impôts massive en 2013 serait unique et qu’il n’y aurait pas de mauvaises surprises par la suite. Le 30 septembre dernier, il déclarait ainsi : « L’effort fiscal, nous le demandons en 2013. Il n’y aura pas d’effort fiscal supplémentaire ensuite car le président de la République s’est engagé à la stabilité fiscale ». Et de nous pondre un peu plus d’un mois plus tard le fameux choc de croissance pour les entreprises avec à la clé une hausse de la TVA d’ores et déjà estimée à 200 euros par an et par foyer par l’UFC-Que choisir, sans compter la taxe écologique qui sera aussi impactée sur les ménages en…2014 ! Ca ne serait pas la définition même d’ « un effort fiscal supplémentaire » ? Sans compter d’éventuelles mauvaises surprises bien entendu… Alors Monsieur Cahuzac, au lieu de jouer au coq à la radio et de vous montrer arrogant, essayez pour une fois de faire preuve de modestie, d’objectivité et…de lucidité. Mais peut être est-ce trop vous demander ?

5 thoughts on “Quand le ministre du Budget manque clairement de « lucidité »

  1. Tcho says:

    Tu vends pas une Clio à un type qui veut une 208, bah là c’est pareil :evil:

    Je fais tourner l’info, une 1/2 douzaine de mes Lobbys vont commencer à entrer en action :cool:

    :cool:

  2. admin says:

    J’ai entendu, j’ai entendu. Je voulais et hop je tombe sur cet article ce matin qui me fait bondir. Ni une ni deux, j’ai dégainé le clavier! Mais je prépare quelque chose d’autre sur le nouveau maître du monde, alias le nouveau dirigeant…chinois! J’ai bien suivi Tcho :?: :smile:

  3. admin says:

    M’Vila?! Je suis bien d’accord avec toi. Il est à la fois « incorrigible » et « irrécupérable ». La FFF a donc bien fait de la sanctionner jusqu’en 2014! :twisted:

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