Apple, le défaut d’orgueil ?

Alors qu’Apple avait pris l’habitude de ne pas commenter la concurrence, Tim Cook a pris le contre-pied de cette stratégie en dénigrant Surface, la nouvelle tablette tactile de Windows. Faudrait-il y voir justement un signe d’inquiétude du côté d’Apple ? Dire qu’on ne craint pas la concurrence équivaut de fait à reconnaître le contraire. La critique est d’autant plus étrange que le PDG avoue lui-même ne pas avoir testé la tablette concurrente.

Il s’est exprimé en ces termes : « Je n’ai pas encore pu jouer avec Surface, mais ce que nous lisons à son propos est qu’il s’agit d’un produit confus ». Selon lui, à trop vouloir jouer la polyvalence, Surface n’excelle du coup dans aucun domaine spécifique : « Je pense que l’une des choses les plus difficiles à faire lorsque vous décidez de créer un produit est de faire des arbitrages (…)  Et c’est ce que nous avons vraiment fait avec l’iPad». Pour imager sa déclaration, il se réfère à un véhicule amphibie, forcément inabouti : « Je suppose que vous pourriez construire une voiture qui vole et qui flotte, mais je ne pense pas qu’elle ferait toutes ces choses correctement ». Et de finir son argumentaire d’autosatisfaction par cette certitude : « Je pense que les gens, lorsqu’ils comparent l’iPad à d’autres offres concurrentes, en arrivent à la conclusion qu’ils veulent un iPad ».

Or si sa phrase paraissait relativement pleine de bon sens vu le peu de concurrents à l’iPad, hormis Samsung, elle apparaît plus désuète ou digne de la méthode Coué en ce 26 octobre, date de sortie de Surface, un sérieux concurrent. Entre temps, Google a dégainé sa Nexus, construite par Asus qui s’est écoulée à plus d’un million d’exemplaires depuis sa sortie, avec à la clé des commentaires plus qu’élogieux aussi bien de la presse spécialisée que des utilisateurs. Ajoutons également à la liste un autre poids lourd, Amazon, qui vient de sortir hier sa tablette Kindle Fire sur notre continent (depuis un an aux Etats-Unis).

Alors, certes, les deux derniers venus ne sont pas des concurrents directs puisqu’ils visent un secteur où Apple était absent jusqu’à présent : les tablettes 7 pouces à coût modique (entre 150 et 250€ comparés aux 489€ de l’iPad). Toutefois, le succès est tel qu’il oblige Apple à suivre la tendance et non plus à l’initier en sortant à son tour l’Apple mini. Contre l’avis du gourou Steve Jobs qui n’avait cessé de répéter que l’iPad n’avait de sens que dans un format de 10 pouces (9,7 pour être précis) et avait toujours affirmé qu’il n’y aurait jamais d’iPad de ce format. Apple n’a désormais plus le choix pour contrecarrer ses poursuivants. Quitte à renier une partie de la philosophie de l’entreprise.

Sûr de son fait, le géant américain va même plus loin. Il vient en effet d’augmenter tous les prix de ses applications sur l’AppStore alors même qu’il vient de publier des résultats historiques avec des bénéfices toujours plus hauts de plusieurs milliards de dollars. Les prix ne sont pas libres sur l’AppStore. Tout éditeur doit se conformer à une grille de prix à échelon. Ainsi, l’application 1er prix était proposée à 0,79 centimes. Elle coûtera désormais 0,89€. Celle à 1,59 se voit désormais proposée à 1,79€. Et ainsi de suite… Il est de même pour les MAJ ou add-ons qui font la même culbute. Un éditeur français d’application routière, Coyote, s’est même fendu d’un communiqué pour s’excuser auprès de ses abonnés qui se voient imposer une augmentation pour les abonnements. : « Apple a procédé de manière automatique et unilatérale pendant la nuit à une hausse du barème tarifaire de l’AppStore».

La goutte d’eau qui fait déborder le vase ? Pas si sûr puisqu’une fois entré dans le système, on n’a d’autre solution que d’y rester. Que faire des applications achetées sinon ? Le piège se referme sur le client pris plus que jamais comme le brocardent les Guignols de l’info pour une poire. Mais toute hégémonie a une fin. Et si c’était tout simplement le début ?

7 thoughts on “Apple, le défaut d’orgueil ?

  1. Tcho says:

    Malheureusement, Apple, c’est comme CoD, Mario ou VW, y aura toujours des gens voulant se conformer à une image plutôt qu’aux qualités d’un produit, et ça ne va pas s’arrêter comme ça, il faudrait du vraiment lourd en face, et par lourd j’entends, en mettant le paquet sur l’image …

    … ‘fin vous pouvrez prendre ce paragraphe comme de la psychologie de comptoir aussi :cool:

  2. admin says:

    Non, non, Tcho. Ou plutôt si mais, en même temps, c’est ce qu’on fait ici à longueur de temps, de la psychologie de comptoir. ;-) Certains appellent cela de l’analyse et se présentent même comme journalistes, dingue non? :mrgreen:

    Je pense franchement que trop c’est trop et qu’Apple va commencer à présenter un visage différent du petit trublion qui agite le système. Il se comporte désormais comme Microsoft jadis, c’est à dire en souverain méprisant. Son image, actuellement au top, va décliner. Après, ce n’est que mon avis. Et je rappelle qu’il est loin d’être visionnaire puisque je pronostiquais… le bide de l’iPad. De quoi rester lucide et modeste! :roll:

  3. Julien says:

    « Alors qu’Apple avait pris l’habitude de ne pas commenter la concurrence »

    C’est plutôt étonnant ça… :?:

    Simulation de réunion chez Apple :

    Question du Responsable Stratégie Commerciale :

    On a dit pendant des années que les PC c’était de la merde. Mais maintenant pour des raisons économiques, on est obligé d’utiliser les composants PC dans nos macs, on fait comment pour que les petits gens qu’on a si bien dressés continuent à acheter des macs ?

    Réponse du chef :

    Comme d’hab, on les prend pour des cons, on va leur faire croire d’un processeur c’est un p’tit oiseau qu’on libère :

    http://www.youtube.com/watch?v=hoYS_QGtnQ8

    Question du Responsable Stratégie Commerciale :

    Comment peut on faire pour booster nos ventes de smartphone et écraser la concurrence ?

    Réponse du Chef : J’ai embauché lui :

    Réponse du Responsable Neuromarketing :

    Pour bien vendre notre téléphone, il faut faire culpabiliser nos petits gens qui pensent acheter la concurrence, on va faire une pub qui te dit que t’es une grosse merde si t’as pas un Ailphone, parce que tu peut rien faire si t’en a pas, donc t’es con de ne pas acheter un Ailphone. Si tu veux être intelligent, t’as pas le choix, il faut que tu achète un Ailphone.

    Question du Responsable Stratégie Commerciale :

    Mais on peut pas faire ça on va pas insulter nos client ???

    Réponse du Responsable Neuromarketing :

    Si si avec une voix douce et sympathique, ça va passer :

    http://www.youtube.com/watch?v=2Oy82QQBHOI

  4. Julien says:

    « Sinon quelqu’un sait pourquoi cette marque coute si cher »

    Réponse du Responsable Stratégie Vente :

    Nous avons fait une étude qui montre que plus un produit est cher plus le client à l’impression d’acheter de la qualité, c’est souvent vrai, plus c’est cher, plus il y a d’options, d’innovations, de trucs high tech dernier cri. Au début on a fait une merde sans 3G qui pouvait pas envoyer de mms et avec un appareil photo de merde, l’Ailphone 1, on l’a mis d’office à 800$, et on a ensuite baissé pour que les gens pensent faire une affaire et avoir un super truc : ça a super bien marché. Maintenant qu’ils sont fidélisés, c’est plus simple :

    1) On fait un téléphone de merde à 50$ coût de developpement prod et distri, pas mieux que celui d’avant.
    2) On fait un sondage, combien payeriez vous pour avoir tout de suite l’Ailphone 6 ?

    Ont répondu :

    400 à 500$ : 1%
    500 à 600$ : 2%
    700 à 800$ : 15%
    900 à 1000$ : 22%
    plus de mille $ : 60%

    3) On regarde le sondage et on choisit le prix.

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