C’est la théorie soutenu par Todd Akin, élu républicain du Missouri et actuellement en course pour un poste au Sénat. Selon lui, , une femme victime d’un « véritable viol » ne tomberait que très rarement enceinte car elle déclenche des réactions biologiques naturelles de défense. Sa déclaration à la chaîne KTVI ne souffre d’aucune ambiguïté: « De ce que j’entends de la bouche des docteurs, la grossesse après un viol est très rare (…). S’il s’agit d’un véritable viol, le corps de la femme essaie par tous les moyens de bloquer tout ça ».

Face au tollé déclenché par ses propos dans une Amérique très conservatrice, sur fond de campagne présidentielle, Todd Akin a dû tempérer ses propos allant même jusqu’à parler d’ « erreur » : « Soyons clairs : un viol (…) est un acte diabolique, commis par de violents prédateurs ». Un des principaux supports financiers des Républicains, Crossroads GPS, a même cessé tout financement suite aux propos de l’élu républicain. Son propre camp a également dû condamner ces propos, Mitt Romney en tête, qui a dit trouver les déclarations « insultantes, impardonnables et franchement, fausses » avant de préciser : « Comme des millions d’Américains, je les trouve insultantes ». L’opposition a aussi pu s’en donner à cœur joie et le président Barack Obama en personne y est allé de son communiqué : « L’opinion exprimée est choquante. Un viol est un viol ».

Cette polémique a relancé le débat sur l’avortement aux Etats-Unis où les affrontements et les actions des anti-avortements sont particulièrement violents. L’Association américaine des obstétriciens et gynécologues a cru bon de rappeler dans un communiqué que ces affirmations sont « médicalement fausses, choquantes et dangereuses ». Pour preuve, « chaque année aux Etats-Unis, entre 10.000 et 15.000 avortements suivent une grossesse après un viol ou un inceste et un nombre inconnu de grossesses sont menées à leur terme ». Toujours selon l’association, l’idée de suggérer qu’une femme violée aurait la possibilité de contrôler sa fertilité irait « à l’encontre des vérités biologiques de base ». Brenda Smith, professeur de droit à l’American University de Washington, spécialiste de la loi et du viol  abonde dans le même en qualifiant les déclarations de Todd Akin de « scandaleuses, insensibles et mal informées ». Elle s’est désolée de penser que l’élu républicain « croit à ce qu’il dit et beaucoup de conservateurs le croient ». De même, l’Institut Guttmmacher a publié au même moment les résultats d’une étude réalisée dans quelques 95 centres médicaux réalisant des avortements auprès de 9.500 femmes. 7% d’entre elles ont ainsi déclaré avoir été violentées. Et encore, les chiffres sont sans doute plus élevés car beaucoup de victimes n’osent pas parler de ces violences. Il n’y aura guère que le Family Research Council, une des associations anti-avortement les plus virulentes, pour soutenir Todd Akin en « pendant ses 12 ans au Congrès, Todd Akin a soutenu les lois qui honorent la vie humaine ». En attendant, j’aimerais bien tester si une vraie baffe ferait mal à Todd Akin ou si son « corps essaie(rait) par tous les moyens de bloquer tout ça » !