Microsoft dégaine sa propre tablette

Et voilà pourquoi Microsoft s’acharne à vouloir retirer le fameux menu démarrer de son prochain OS. La communauté s’est enflammée contre cette initiative, ne comprenant pas l’acharnement de la firme américaine à faire tourner Windows 8 sur le mode des applications, propre aux tablettes. Or, cette nuit, son PDG, Steve Ballmer, a levé le voile lors d’une mystérieuse conférence de presse à laquelle étaient conviés les journalistes. L’ordre du jour n’y avait pas été dévoilé à l’avance et les supputations allaient bon train, provoquant même hier un démenti officiel de Barnes & Noble sur une possible collaboration avec Microsoft pour l’élaboration d’une nouvelle liseuse. D’autres sources affirmaient même le lancement d’une tablette compatible avec la Xbox 360 à l’image de ce que va faire Nintendo avec sa Wii U. Après quelques minutes de retard et un historique de son entreprise, Steve Ballmer a annoncé son nouveau bébé baptisé Surface, une tablette tactile estampillée Microsoft de 10 pouces avec une protection d’écran faisant office de clavier tournant sous …Windows 8. On n’est jamais mieux servi que par soi-même !

En réalité, ce sont deux nouveaux produits qui ont été annoncés. Une destinée au grand public pesant 676 grammes,  d’une épaisseur de 9,3 millimètres, doté d’un écran haute définition de 10,6 pouces et disponible avec 32 ou 64 gigabits de mémoire. Et une autre, plus destinée aux professionnels, un peu plus lourde (903 grammes), plus épaisse (13,5 millimètres) et avec une capacité de stockage plus grande, de 64 à 128 gigabits de mémoire.

La vraie nouveauté semble être à chercher du côté des accessoires. La tablette Surface intégrera un support intégré –à l’image des tablettes Archos- et d’une housse de protection déclinée en 2 versions (une très fine et une un peu plus épaisse pour donner l’illusion de touches mécaniques) et en plusieurs coloris faisant office d’un clavier a priori aussi performant que les bluetooth. Ainsi équipée, la tablette ressemble à un véritable ordinateur portable.

L’ipad est ainsi clairement visé selon Sarah Rotman Epps, analyste chez Forrester : « Ce produit marque un grand virage dans la stratégie de matériel de Microsoft. Il met l’accent sur le consommateur, plus que sur l’entreprise. Et il permet à Microsoft de concurrencer le modèle verticalement intégré d’Apple ». Reste à savoir si son marché d’applications sera à même de concurrencer les deux rivaux que sont Apple et Google avec Android.

Steve Ballmer n’en doute pas une seconde à en croire ses propos lors de la présentation : « C’est une toute nouvelle famille d’appareils signés Microsoft. Nous avons pris le temps de faire Surface et Windows 8 comme il faut. Surface est un PC. Surface est une tablette. Et Surface est quelque chose de nouveau que les gens vont vraiment adorer ».

Pourtant le risque est grand. Microsoft a enregistré de nombreuses déconvenues quand il a voulu concurrencer frontalement d’autres entreprises en lançant ses propres produits. Le téléphone Kin avait dû être retiré très rapidement du marché américain après un échec retentissant. Et son balladeur Zune a connu le même sort l’année dernière alors qu’il avait été lancé en grandes pompes et devait rivaliser avec l’ipod. Seul son lancement dans le jeu vidéo, avec la Xbox puis la Xbox 360, a été couronné de succès à ce jour. En outre, les relations avec ses partenaires (Asus, HP…) qui travaillent sur des tablettes fonctionnant sur Windows 8 risquent de se durcir avec cette concurrence frontale.  Autre bizarrerie, le nom utilisé, Surface, puisqu’il l’est déjà par l’entreprise pour de larges écrans vendus aux professionnels. Enfin, les marges pourraient être rognées dans un premier temps puisque le matériel ne rapporte que très peu par rapport aux logiciels ou autres applications.

Des inconnues demeurent encore à ce jour. La date de lancement et le prix n’ont pas été annoncés même s’il paraît plutôt évident que les deux déclinaisons de Surface devraient sortir en même temps que Windows 8, au début de l’automne donc. On sait seulement que les prix devraient être compétitifs par rapport à ceux des tablettes ARM comparables ou des ordinateurs portables de type ultrabook. Bref, on ne sait rien, la phrase ne voulant strictement rien dire tant la fourchette est grande dans ce type de produits. Pour ma part, je déplore l’absence de choix du type d’écran. C’est à l’image de la plupart des tablettes fonctionnant sous Andoid, le 16/9ème qui a été retenu –comme la Samsung Galaxy- et non pas le format de l’ipad dit 4/3 favorisant la lecture de magazines ou de livres. Alors succès ou échec ? Seul l’avenir nous le dira.

Je vous laisse prendre connaissance de la vidéo officielle de présentation (1min04s) très soignée: http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=dpzu3HM2CIo

5 thoughts on “Microsoft dégaine sa propre tablette

  1. Tcho says:

    J’espère que ça marchera pour eux, esperons un même succès que le Zune (si vous savez pas c’que c’est, ne vous en faîtes pas, c’est normal …)

    ;)

  2. admin says:

    Le Zune, Apple en rigole encore…
    Aucun risque que le scénario se reproduise. HP aurait de toute façon été contraint à la braderie car le matériel est vraiment défectueux (problèmes de décharge, fissures…). Je ne pense pas que Microsoft se permettra une telle boulette surtout dans la position de challenger. Pour la sortie de la Xbox 360, ils ont précipité les choses pour griller Sony et s’en sont mordus (un peu) les doigts après. Du coup, pour Kinect, ils ont attendu le produit parfait avant de le sortir. Je crois qu’ils savent qu’ils sont attendus et auront donc pris toutes les précautions nécessaires. De toute façon, c’est le prix qui fera la différence. Mais à mon avis, ils ne vont pas brader leur produit et donc ils vont avoir dû mal à s’imposer (à l’image du Zune justement). On verra bien si l’avenir me donne raison ou pas. Wait & See.

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